24-07-2025
À Biarritz, la guerre des douches de plage aura-t-elle lieu ?
Après trois étés sans douches publiques sur les six plages de la cité impériale, elles font cette année un retour timide. Douze pommeaux seulement ont été remis en service sur les 86 installés à l'origine. Un sujet polémique qui divise estivants et habitants. Le tout dans un contexte tendu par la prolifération d'une microalgue toxique, qui perturbe la saison estivale.
22 juillet, Biarritz, plage de la Côte des Basques, 16 heures. Marée basse, jolies vagues, ambiance estivale. Surfeurs et baigneurs profitent de ces conditions idéales. Mais à l'arrière-plan, la scène est moins joyeuse : file d'attente aux deux douches disponibles, qui fonctionnent en continu. Un panneau, installé par la mairie, recommande de ne pas dépasser 15 secondes d'utilisation, et demande aux surfeurs de ne pas rincer leurs planches et leurs combinaisons. En vain. Les règles sont peu respectées, et les tensions montent.
Retour à l'été 2022 : une sécheresse historique pousse les municipalités de la côte basque, d'Anglet à Hendaye, à couper l'eau des douches de plage. Une mesure d'urgence devenue choix aussi bien politique qu'environnemental. Depuis, toutes n'ont pas réactivé leurs installations. Avec Biarritz, Saint-Jean-de-Luz fait figure d'exception, avec cinq nouveaux pommeaux conçus pour limiter la consommation d'eau. Anglet, de son côté, maintient le cap écologique avec des pédiluves et refuse tout retour en arrière.
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Pétition
Pourquoi ce revirement à Biarritz ? En partie à cause d'une pétition lancée par un élu de l'opposition, également médecin, qui a recueilli près de 17 500 signatures. Son argument : La suppression des douches de plages est une régression grave pour l'hygiène et la salubrité publiques. L'ARS (Agence Régionale de Santé), elle, nuance : seule une douche savonnée est véritablement efficace.
Or, comme le rappelle Maider Arostéguy, maire de Biarritz, « le savon à la plage n'est pas compatible avec l'environnement : il part directement dans l'océan, générant une pollution supplémentaire ». En résumé, la douche de plage, en l'état, reste un confort apprécié pour se débarrasser du sel, mais ne constitue pas une réponse efficace aux pollutions marines.
Queue à la douche de la Côte des Basques, ce 22 juillet.
Astrid Taupin / Le Figaro
Les plages sous haute surveillance
Et justement, une autre pollution a fait son retour depuis mi-juillet entraînant des fermetures de plages : la microalgue Ostreopsis ovata. Présente depuis 2021, elle colonise le littoral basque et se développe à grande vitesse, favorisée par les températures élevées de la canicule de ce début juillet : au moins 26 °C dans la baie de Saint-Jean-de-Luz et Ciboure, 24 °C dans les rouleaux de Biarritz et Anglet. Des conditions idéales pour sa prolifération.
Le 15 juillet dernier, un relevé indiquait le taux record de 600 000 cellules par litre d'eau sur la plage du Port Vieux, à Biarritz, engendrant sa fermeture ce jour-là. « Les toxines qu'elle libère sont présentes dans l'eau, mais aussi véhiculées par les embruns. Elles pénètrent par les voies respiratoires, se fixent sur les lipides des cellules de la peau, et provoquent éruptions cutanées, symptômes grippaux, et laissent un goût métallique dans la bouche », explique la dermatologue Sylvie Peres, de la commission Eau du Cade et de l'association Vague Toxique, qui recense les pollutions marines depuis 2004.
« Malheureusement, un simple rinçage à l'eau claire ne suffit pas à les éliminer, mais un nettoyage de nez avec une solution saline peut aider», ajoute-t-elle.
Sur les douze douches implantées sur les six plages de Biarritz, un rinçage de 15 secondes est recommandé.
Astrid Taupin / Le Figaro
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Une douche solaire autonome, la solution ?
Face à ces controverses, une innovation pourrait réconcilier les défenseurs de la douche et les partisans de l'écologie : la douche de plage solaire autonome. Un dispositif actuellement en test à Biarritz.
« Il s'agit d'un système qui pompe l'eau de mer grâce à l'énergie solaire, la désalinise, la purifie, et la traite avant d'être recyclée. Une purge quotidienne permet de renouveler l'eau et de garantir une hygiène efficace », explique Mathieu Kayser, adjoint au maire de Biarritz, délégué à l'environnement et à la biodiversité.
C'est la seule expérimentation de ce type en France. « L'objectif est de faire évoluer les mentalités sur l'usage de l'eau », insiste-t-il. Pour le moment, cette installation cofinancée par la société Idriade, à l'initiative de ce concept, et la mairie de Biarritz à hauteur de 40 000 €, n'est encore qu'en phase de test technique et ne sera pas accessible aux baigneurs. Elle doit obtenir l'aval de l'ARS avant d'être déployée plus largement auprès du public. Ce sera au mieux l'été prochain.
Le concept de douche solaire autonome.
Idriade